Bars cachés et speakeasies : le guide immanquable pour une soirée vraiment secrète
Les bars cachés font tourner toutes les boussoles urbaines : selon l’étude DataHospitality 2023, plus de 120 nouvelles adresses « invisibles » ont ouvert en France, soit une hausse de 35 % en un an. Dans le même temps, l’expression « speakeasy parisien » a bondi de 52 % sur Google Trends. Bref, le mystère se vend mieux que jamais. Accrochez-vous : on pousse des portes dérobées, on traverse des frigos, et on décrypte l’art de la soirée clandestine version 2024.
Aux origines des bars cachés : de la Prohibition aux caves parisiennes
Tout commence en 1920, quand le 18ᵉ amendement des États-Unis interdit l’alcool. Les bars clandestins — ou speakeasies — fleurissent à New York, Chicago et La Nouvelle-Orléans. Al Capone, icône autant qu’ennemi public numéro 1, aurait généré jusqu’à 60 millions de dollars (chiffre FBI) grâce à ces établissements dissimulés derrière des laveries ou des salons de thé.
En France, la première vague d’hommages arrive dans les années 2010, portée par l’engouement des mixologues formés à Londres. Paris voit alors surgir des adresses comme Le Moonshiner (planqué derrière une pizzeria rue Sedaine) ou Little Red Door dans le Marais, classé 5ᵉ meilleur bar au monde par The World’s 50 Best Bars 2022. Le concept se démocratise, mais la règle d’or demeure : un seuil discret, parfois un code, et toujours un storytelling ciselé.
Chiffre clé : 68 % des clients interrogés par le cabinet NielsenIQ en 2024 déclarent « rechercher l’effet surprise » avant tout, loin devant la carte de cocktails (52 %).
Où dénicher un bar caché à Paris ou Lyon en 2024 ?
Paris, la capitale du mot de passe
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Lavomatic (Rue René Boulanger)
Accès : montez dans une machine à laver factice.
Détail geek : cocktails fermentés maison, dont le « Pickle Martini » (12 €). -
Fréquence (Rue Keller)
Derrière un disquaire 100 % vinyle. Plus de 800 45-tours, de Curtis Mayfield à Daft Punk. -
Le Syndicat – Cocktails France (Boulevard de Strasbourg)
Façade d’affichage sauvage et cocktails « patrimoine » : Armagnac 1980, Calvados bio…
Stat 2023 : 72 % de spiritueux d’origine française sur la carte.
Lyon, la rivale gourmande
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L’Antiquaire (Rue Hippolyte Flandrin)
Code sur l’interphone : « Old Fashioned ». À l’intérieur, banquettes années 30 et playlist Duke Ellington. -
La Voûte – Chez Léa (Quai des Célestins)
Ancienne cave à soie du XIXᵉ siècle. Les soirs pairs, bœuf jazz mené par des élèves du Conservatoire.
Focus province : une poignée d’adresses en plein boom
En 2023, le Ministère de la Culture comptabilisait 48 bars à concept secret hors Île-de-France, soit +21 % en douze mois. À Marseille, Carry Nation se cache derrière une armoire fort boyardesque, tandis qu’à Lille, Dernier Bar avant la Fin du Monde propose quizz « La Cité de la Peur » tous les jeudis.
Comment organiser une soirée inoubliable dans un speakeasy ?
- Repérez une capacité discrète : la jauge idéale tourne autour de 40 personnes. Au-delà, l’effet cocon se dilue.
- Vérifiez l’accès : code numérique, sonnette codée ou mot de passe Instagram (tendance 2024).
- Demandez un « menu sur-mesure ». De nombreux établissements — Le Syndicat en tête — proposent un cocktail signature créé pour l’événement, à partir de 15 € par tête.
- Calez la bande-son : le vinyle revient en force dans 53 % des speakeasies répertoriés (étude SACEM 2023).
- Pensez aux contraintes légales : les bars cachés restent soumis aux arrêts préfectoraux (fermée 2 h du matin à Paris intra-muros). Pas si rebelle, la clandestinité.
Pourquoi les réservations privées s’envolent-elles ?
En sortie de pandémie, les entreprises recherchent des « micro-expériences » : format court, groupe réduit, forte valeur Instagram. Résultat : la Fédération de l’Événementiel note une hausse de 47 % des privatisations de bars cachés entre 2022 et 2024. Les lieux offrent un sentiment d’exclusivité sans louer un palais entier. Malin pour les budgets RSE.
Qu’est-ce qu’un bar caché, exactement ?
Un bar caché (ou speakeasy moderne) se définit par :
- Un accès dissimulé : porte secrète, entrée codée, rideau, frigo…
- Un décor immersif inspiré des années 20, de la pop culture ou du cinéma noir.
- Une carte de cocktails pointue, souvent axée craft & low-ABV (faible alcool).
- Un récit qui fait le lien (Prohibition, mafia, clandestinité arty).
Point important : le bar reste soumis au même cadre légal que n’importe quel débit de boissons. L’ombre est visuelle, pas administrative.
L’avis de la rédac : la hype est-elle éternelle ?
D’un côté, la tendance risque la saturation. On compte déjà un bar caché par station de métro dans certains quartiers de Paris. De l’autre, la créativité n’a jamais été aussi débridée. Entre l’influence du street-art, la montée du sans-alcool gastronomique et la demande de lieux intimistes pour les podcasts live, les speakeasies mutent plutôt qu’ils ne se répètent. Un peu comme le stand-up, toujours à la recherche de la vanne nouvelle.
J’ai testé ces adresses avec un œil de journaliste mais aussi de simple fêtard. Verdict : rien n’égale la petite dose d’adrénaline quand la porte s’ouvre sur une lumière tamisée et que le barman vous salue par votre prénom (merci Instagram). Le sourire qui suit vaut bien trois stories.
Prêt·e à pousser une porte qui n’existe presque pas ? La ville en cache encore des dizaines, et je continue la chasse. Si vous dénichez la prochaine pépite, glissez-moi le mot de passe : je promets de ne le murmurer qu’à ceux qui savent écouter.
